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Carla Bruni-Sarkozy favorable à la polygamie

Que fait la police ? En 2007, celle qui n’était pas encore la première dame de France se prononçait ouvertement en faveur de la polygamie. Une posture à contre-courant du gouvernement et une éventuelle source d’embarras pour Nicolas Sarkozy qui n’a toujours pas commenté l’affaire Hebbadj.

« Je suis monogame de temps en temps mais je préfère la polygamie et la polyandrie ». Lorsqu’elle confesse en février 2007 ses délicates inclinations, Carla Bruni ne se doute pas de la portée que pourrait prendre, trois ans plus tard, ce propos pour le moins badin. L’ancien mannequin, reconvertie dans la chanson et alors favorable à la candidate Ségolène Royal, se dévoilait à l’occasion d’un auto-portrait accordé au Figaro Madame. « Je m’ennuie follement dans la monogamie », précise-t-elle, ajoutant qu’elle « ne cherche pas particulièrement l’établissement des choses : l’amour et le couple ne (la) rassurent pas ». Et, si parfois ces « sentiments supposés féminins » tels « la responsabilité, la culpabilité, le remords » l’envahissent, elle reconnaît, en riant selon l‘hebdomadaire, être « fidèle à elle-même » et savoir, « comme les hommes, très bien compartimenter ». Quelques mois plus tard, Carla Bruni fera la rencontre d’un certain Nicolas Sarkozy, président de la République.

Quelqu’un m’a dit que tu m’aimais encore

Si le libertinage assumé de celle qui n’avait pas encore un destin national pouvait alors prêter à sourire, de tels propos, reflétant une conviction profonde de l’épouse du chef de l’Etat, sont désormais dissonants dans le discours politique ambiant.

L’affaire Hebbadj, du nom de ce radical musulman résidant avec quatre femmes, est passée par là. Et chacun depuis, au gouvernement, d’aller de son couplet pour dénoncer une polygamie qui pourtant, du point de vue juridique, n’est tout simplement pas établie.

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Entre le porte-parole Luc Châtel qui suggère, sibyllin, que la « polygamie cachée n’est pas la bienvenue en France » et le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui a demandé, vendredi dernier, à son collègue Eric Besson d’envisager une procédure de déchéance de la nationalité française à l‘encontre du présumé coupable, la surenchère a d’ores et déjà démarré. Sans oublier les seconds couteaux telle la secrétaire d’Etat à la Ville, Fadela Amara, qui condamne, sans avancer également la moindre preuve, ce « détournement de la loi par un imam » et appelle à « prendre des mesures » face à « des groupuscules qui veulent nous ramener en arrière et nous faire vivre dans le Moyen Age ».

A la recherche de la nouvelle star islamiste

Liès Hebbadj, entrepreneur certainement polyvalent (trois commerces différents) et prétendument polygame (quatre femmes auprès de lui, dans ses résidences, dont une épousée civilement), ne pouvait rêver d’une meilleur tribune médiatique pour afficher sa conception singulière, et surtout ultra minoritaire, de l’islam. L’homme, âgé de 35 ans, s’est pris visiblement au jeu en ayant organisé une conférence de presse, à la suite de la verbalisation de sa femme au volant pour le port d’un voile intégral. Facétieux et retors, il dissocie la notion juridique du mariage civil et monogame avec la réalité sociale d’une vie maritale agrémentée de « maîtresses » parfaitement consentantes. Un interlocuteur à la hauteur du plaisantin ministre auvergnat. A la manière de duettistes chargés d’entretenir le spectacle politico-médiatique, Brice Hortefeux et Liès Hebbadj exécutent leur partition à la perfection : l’un en capitalisant électoralement sur la stigmatisation d’une communauté musulmane hexagonale, pourtant hostile ou défavorable, dans sa vaste majorité, au concept même de polygamie, et l’autre en incarnant une image, authentique et archaïque mais extrêmement marginale, de l’islam de France. Et à la faveur de ce jeu de dupes, ce sont deux idéologies, à la conquête des esprits, qui s’alimentent mutuellement : d’un côté, l’islamophobie, toujours en vogue au gré de certains faits divers ou saugrenus, et de l’autre, un radicalisme islamique de la tendance piétiste, ultime recours, en désespoir de cause, pour ceux qui préfèrent s’exclure d’emblée de la société plutôt que d’en être, estiment-ils, sournoisement écartés.

Sexe, allocations familiales et niqab

Dans moins d’un mois, le projet de loi interdisant la burqa sera abordé en conseil des ministres. Entre-temps, l’enquête préliminaire ouverte par le procureur de Nantes sur ce nouveau feuilleton sensationnaliste, à savoir la définition juridique de la vie maritale de Lies Hebbadj et l’imputation de fraudes aux allocations familiales, va suivre son cours. A ce jour, le président de la République n’a pas souhaité commenter la dernière péripétie mettant en scène la figure récurrente de l’islamiste-hostile-aux-lois-de-la-République. Mais sans doute peut-il exprimer une certaine gratitude envers Eric Besson pour avoir tempéré les ardeurs pseudo-républicaines de son collègue Brice Hortefeux. Le ministre de l’Immigration a reconnu qu’une déchéance de la nationalité française serait juridiquement difficile à appliquer à l’encontre de Liès Hebbadj. Et même s’il envisage désormais une « évolution législative » sur le sujet, il est d’ores et déjà probable que la polygamie, en tant que « valeur » indésirable sur le sol français, devienne une question taboue en la présence de Carla Bruni-Sarkozy. Quel interviewer politique, par exemple, osera, lors d’une prochain entretien formaté avec la première dame de France, aborder la position sulfureuse de l’intéressée ? A défaut d’une question journalistique impertinente, espérons du moins que Brice Hortefeux, l’ami de 30 ans de Nicolas Sarkozy, ne brandisse pas également une menace de déchéance de sa nationalité à l’endroit de la célèbre Franco-Italienne. Déchue, exilée, bannie du paradis élyséen pour avoir défendu et pratiqué jadis la polygamie, Carla Bruni-Sarkozy pourrait presque en devenir une martyre pour la frange, branchée people, des fondamentalistes musulmans. Chiche ?

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