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Des extrémistes pro-israéliens s’attaquent à la liberté d’expression en plein cœur de Paris

Intimidation. Dimanche, un rassemblement de militants ultra-sionistes a provoqué la fermeture temporaire, au musée d’Art moderne de Paris, d’une exposition photographique consacrée à Gaza. 

La liberté d’expression artistique prise d’assaut dans la capitale française. Par qui ? Des intégristes catholiques ? Un commando de barbus islamistes ? Que nenni : plutôt une trentaine de défenseurs zélés de l’Etat d’Israël, outrés par une exposition du photojournaliste Kai Wiedenhöfer, lauréat de nombreux prix, qui se tient actuellement au musée d’Art moderne.

Comme ils s’en vantent eux-mêmes sur leurs sites, ces militants, membres de la Ligue de Défense Juive ou de l’association Europe Israël et sollicités vendredi à la suite d’un appel sur Facebook, ont protesté en tentant d’abord d’accéder à la galerie où étaient disposées les photographies. En vain : les agents de sécurité ont réussi à contenir le groupe, l’empêchant d’entrer dans le musée. Leur attention s’est alors concentrée sur les visiteurs, en scandant des slogans dénonçant le « palestinisme antijuif » ou assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme.

Les organisateurs du rassemblement ont également indiqué avoir entendu une « injure antisémite » – dans les termes « retourne dans ton pays, retourne en Israël » – de la part d’un des employés du musée : en conséquence, les manifestants ont immédiatement appelé la police pour se plaindre du propos. Le directeur du musée viendra par la suite non seulement s’excuser auprès des agitateurs mais préciser à l’AFP qu’il ne s’associait pas aux organisateurs sous-traitants de l’exposition  : « Cette exposition ne fait pas partie de la programmation du musée » mais « a lieu dans le cadre d’un contrat de mécénat avec Carmignac Gestion », indique de la sorte Fabrice Hergott, directeur du musée.

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Qualifiés d’ « émules des nazis » par l’association Euro Palestine pour leurs agissements, les militants fédérés par Jean-Marc Moscowicz, président de Europe Israël, menacent en rétorsion de poursuites judiciaires pour diffamation les « pro-palestiniens » qui reprendraient à leurs compte de tels qualificatifs. Quant à Carmignac Gestion , qui a pourtant précisé ne pas « prendre parti dans le conflit israélo-palestinien », une lettre ouverte leur est adressée par la même association, les menaçant explicitement de conséquences économiques pour avoir financé l’exposition sur Gaza : « Vous vous devez d’infirmer cette attitude par une déclaration forte et rassurante en direction de la communauté juive de France. En attendant, notre Association se fera un devoir moral de porter à la connaissance de chaque établissement financier, de chaque fonds d’investissement, de chaque leader d’opinion économique en France, en Europe et aux Etats Unis, votre engagement et vos déclarations très spécieux dans le cadre du prix que vous organisez. Gageons que si, sans nul doute, cette exposition avait pour but de plaire à une certaine frange de votre clientèle, mais une autre que nous représentons saura l’apprécier à sa juste mesure et réagir en conséquence. »

Jean Patrick Grumberg, membre du conseil d’administration de la Chambre de Commerce et d’Industrie Israël France, également rédacteur du site ultra-sioniste et islamophobe Drzz.fr, a relaté avoir été alerté par une de ses lectrices de l’inauguration, le 15 novembre, de l’exposition. A tort, il croit savoir qu’en raison des protestations du rassemblement, la galerie fermera une semaine alors qu’elle devrait rouvrir dès ce mardi. Son « ami » Jean-Pierre Moscowicz, aussitôt informé par la tenue de l’exposition, avait dès lors décidé d’organiser une action contre cet évènement artistique. Prudent, le président d’Europe Israël précise que cette initiative n’a pas été influencée par le CRIF, organisation communautariste et pro-israélienne qui a condamné, dès le jour de son inauguration, l’exposition, qualifiée d’ « œuvre de propagande ».

Si cette information particulière –la fermeture temporaire d’une exposition artistique en raison de pressions associatives- a été rapportée jusqu’en Algérie ainsi que dans la presse communautaire juive anglophone , elle n’a pas eu d’écho, à ce jour, dans les médias français, hormis La Croix. Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, n’a pas souhaité exprimer de réaction. Quant au ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, il n’a pas fait de déclaration, comme à l’accoutumée, pour dénoncer ce trouble à l’ordre public. Silence politique et discrétion médiatique à l’égard des plus virulents des « importateurs du conflit israélo-palestinien » en France : qui s’en étonne encore ?

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