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Hiroshima est devant nous

Duplicité. Alors que les Etats-Unis ont participé, pour la première fois, aux commémorations du bombardement américain d’Hiroshima, Washington continue de tolérer l’arsenal nucléaire israélien tout en prônant un démantèlement mondial.

210 000 morts et aucune excuse officielle. Soixante-cinq ans après, le gouvernement américain n’a toujours pas exprimé le moindre regret pour l’hécatombe causée au sein de la population japonaise. Les 6 et 9 août 1945, les deux bombes nucléaires visant les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, et leurs radiations consécutives, auront décimé des dizaines de milliers de civils innocents. Coup double pour les stratèges du Pentagone : précipiter la capitulation japonaise et lancer un avertissement efficace à l’Union soviétique. Au travers de ce sacrifice humain à grande échelle, la guerre froide venait de commencer.

Ce vendredi 6 août, l’ambassadeur américain au Japon, John Ross, était présent, pour la première fois, aux traditionnelles commémorations du massacre. Un geste fort, mais seulement en apparence : dans les faits, les autorités américaines n’ont jamais exercé la moindre repentance pour cette abomination. La prouesse diplomatique du jour consiste bien davantage à réaffirmer l’engagement rhétorique du président Obama à œuvrer pour « un monde sans armes nucléaires » comme celui-ci l’avait affirmé lors d’un appel solennel, à Prague, au printemps 2009. L’accord Start III, conclu avec la Russie, vise effectivement à réduire de part et d’autre le nombre d’ogives nucléaires, supposées être dissuasives. Quant à la rupture politique prônée par le locataire de la Maison Blanche, elle explique, en grande partie, l’octroi, quelque peu prématuré, de son prix Nobel de la paix.

A terme, l’enjeu sera pourtant de juguler l’existence d’environ 25000 têtes nucléaires proliférant à travers le monde, soit l’équivalent de 150000 bombes à uranium d’Hiroshima.

Carte blanche à l’un, carton rouge pour l’autre

Alors qu’il est de bon ton, dans les cercles d’influence de l’opinion publique, de s’alarmer de l’arsenal nucléaire du Pakistan et de redouter le programme civil de l’Iran, le tabou politique continue de perdurer sur le cas israélien. Une loi du silence d’autant plus étrange qu’elle s’accompagne, en parallèle, d’une diabolisation croissante du régime de Téhéran, ouvertement soupçonné de duplicité tandis que son adversaire régional n’est guère interpellé sur cette question. Une faveur américaine toute particulière envers Tel Aviv : « Nous croyons fermement que, compte tenu de sa taille, de son histoire, de la région dans laquelle il se trouve, des menaces existant contre nous, contre lui, Israël a des exigences uniques en matière de sécurité » avait déclaré Barack Obama lors d‘une récente rencontre avec le Premier ministre israélien.

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S’il est vrai que les croyances millénaristes de Mahmoud Ahmadinejad peuvent expliquer sa posture radicale, le gouvernement ultranationaliste d’un extrémiste notoire, Benjamin Netanyahu – tout aussi entouré de religieux persuadés du retour imminent de « leur » Messie-, pourrait également entretenir, dans un style plus feutré, la même fièvre apocalyptique.

Quant aux néoconservateurs américains, et leurs homologues atlantistes, la menace proviendrait surtout de la possession de l’arme suprême par un pays musulman, nécessairement envisagé comme belliqueux et crypto-islamiste. De même que l’Iran, le Pakistan est, à cet égard, un exemple emblématique des fantasmes que véhicule un islam doté des plus hautes technologies.

« Hibakusha » : tel est le mot désignant un rescapé de l’horreur nucléaire qui a frappé le Japon. Ils sont environ 220000, encore en vie, à porter les stigmates. Inscrite dans la conscience universelle, la tragédie, considérée comme exceptionnelle depuis la fin de la guerre froide, semble désormais faire figure de prélude. Les pompiers pyromanes de la scène internationale, empressés d’accuser l’un pour mieux dédouaner l’autre, préparent déjà les embrasements à venir. Hiroshima et Nagasaki hier, Téhéran ou Tel Aviv demain : de l’Asie au Moyen-Orient, la pluie noire consécutive aux explosions nucléaires continuera de souiller la Maison Blanche.

Bonus : comment représenter une attaque nucléaire, depuis les techniciens indifférents en amont jusqu’aux innocents qui la subissent ? Un brillant clip, visible sur le Net et consistant en un montage de diverses séquences extraites de films et documentaires, illustre les ravages causés par l’arme atomique. A hauteur d’homme.

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