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Profil bas pour les partisans français de la guerre en Irak

Sept ans de malheur. La guerre en Irak, dont les opérations de combat ont officiellement pris fin aujourd’hui, aura provoqué des centaines de milliers de morts. A l’origine de cette hécatombe, un mensonge officiel, propagé par les néoconservateurs américains et leurs alliés européens. Que sont devenus les principaux relais de cette supercherie en France ? État des lieux.

Illégale, illégitime et mensongère. L’agression militaire de l’Etat souverain d’Irak par une coalition menée par les Etats-Unis n’a pas dissipé le mensonge sur lequel elle était fondée : l’existence d’armes de destruction massive. La désinformation, politique et médiatique, s’est rapidement révélée fallacieuse. Pour autant, aucun homme politique en poste à l’époque, aucun média américain de renom, n’a reconnu avoir participé à la mascarade. Seuls des regrets sur la méthode militaire ou la communication diplomatique sont parfois évoqués.

Hier encore, à l’occasion de son discours solennel depuis le Bureau ovale de la Maison Blanche, le président Obama, annonçant la fin des opérations de combat, n’est pas revenu sur le prétexte qui l’a déclenché. Pire encore, il a rendu hommage au président Bush et à son patriotisme. Enfin, il n’a pas manqué d’alarmer les citoyens sur la prétendue menace permanente que constituerait Al-Qaïda, ce groupe « qui continue de comploter contre nous ».

L’essentiel pour Barack Obama ? « Tourner la page ».

Aucun reniement, ni de la part des officiels américains, ni de celle des va-t-en-guerre français qui s’étaient manifestés en 2002/2003. Parmi ceux-ci, une distinction s’est opérée : d’une part, des personnalités culturelles, en pleine traversée du désert, tels le réalisateur Romain Goupil, le philosophe André Glucksmann ou l’idéologue Alexandre Adler ; de l’autre, des hommes politiques qui ont, depuis, pris du galon.

Il n’est pas anodin de constater que le chef d’Etat à l’atlantisme fervent, Nicolas Sarkozy, s’est précisément entouré des deux rares hommes politiques à avoir soutenu publiquement la guerre en Irak. Ainsi en va-t-il du tandem affecté à la diplomatie : Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, et Pierre Lellouche, chargé des Affaires européennes.

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Si le premier s’est surtout contenté de fustiger la personne tyrannique de Saddam Hussein, le second était allé plus loin, défendant le mythe des armes de destruction massive, comme l’illustre ce passage d’un débat télévisé en février 2003, un mois avant le début des opérations.

Mieux encore, un an plus tard, dans un prestigieux talk-show américain, « Conversation with Charlie Rose », Pierre Lellouche se targue, dès le début de l’interview, d’être « l’un des deux députés » à avoir soutenu l’intervention militaire. Datant de mai 2004, l’entretien méconnu, parfaite illustration de l’allégeance des néo-conservateurs français à l’hyper-puissance américaine, ressemble davantage à une déclaration d’amour qu’à l’expression politique du représentant d’un pays souverain.

C’est le même Pierre Lellouche, qui sera accusé en direct par un Jean-Luc Mélenchon facétieux d’être un « agent de la CIA ». Mais à défaut d’être un « honorable correspondant » de l’espionnage américain, une chose est certaine : Pierre Lellouche est membre de la Commission Trilatérale, un éminent et puissant think-tank transatlantique.

Kouchner et Lellouche pour appliquer depuis un an la politique étrangère du président Sarkozy ? Au-delà de leurs différences personnelles, un fil rouge unit les trois hommes : une loyauté indéfectible envers, non pas le peuple américain mais la caste néoconservatrice qui a dirigé pendant huit ans la Maison Blanche ainsi que ses réseaux européens toujours en activité.

Aucun d’entre eux n’a eu la décence de reconnaître le mensonge criminel à l’origine de la guerre en Irak. Une propagande d’Etat qu’illustre un brillant clip, affiché plus bas, rappelant à qui l’aura oublié l’existence, en contrepartie, d’une vigoureuse conscience civique américaine. C’est du côté de celle-ci, qui représente la quintessence de l’identité nationale des Etats-Unis, qu’il faudra à l’avenir se tourner pour que la mascarade de la version officielle ne demeure impunie.

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